Tendons fibulaires

Tendo fibularis

Généralités

Muscle Court fibulaire Long fibulaire
Origine Fibula (deux tiers inférieurs, face latérale) Fibula (moitié supérieure, face latérale)
Insertion Cinquième métatarsien (portion proximale) Premier métatarsien (portion proximale), premier cunéiforme (surface plantaire latérale)
Action Flexion plantaire, éversion

Anatomie descriptive

Anatomie tendons fibulaires Les tendons des muscles court et long fibulaire sont aisément accessibles à la palpation et à l'évaluation ultrasonographique dans leur parcours supra-, rétro- et infra-malléolaire(Bianchi et Martinoli, 2007). Malgré plusieurs facteurs facilitant, le parcours fortement incurvé de ces tendons peut contribuer à engendrer de l'anisotropie, qui peut être évitée en maintenant un angle d'incidence du faisceau avec les tendons aussi perpendiculaire que possible.

Ces deux tendons parcourent la face latérale de la cheville, où ils encerclent une partie de la malléole latérale, qui fait office de poulie (ou de bras de levier) entre leurs origines et insertions respectives. Dans leur portion supra-malléolaire, les tendons des muscles court et long péroniers partagent une gaine commune, qui se sépare en deux au-delà (en inférieur) de la malléole. Deux rétinacula (supérieur et inférieur) maintiennent étroitement ces tendons en place derrière la malléole externe et sur la face latérale du calcanéum(Bianchi et Martinoli, 2007). Au sein du canal ostéo-fibreux formé par la malléole latérale et le rétinaculum fibulaire supérieur, le tendon du court fibulaire est normalement situé en antéro-médial du tendon du long fibulaire(Wang et al, 2005). Le rôle du rétinaculum fibulaire supérieur est de prévenir le déplacement des tendons fibulaires en antérieur, soit par-dessus la malléole externe(Bianchi et Martinoli, 2007). En caudal (inférieur) de la malléole latérale, la stabilisation des tendons fibulaires est assurée par le rétinaculum fibulaire inférieur.

En plus de leurs rôles de mobilisateurs (flexion plantaire et éversion de cheville), les muscles fibulaires sont d'importants stabilisateurs de la cheville(Wang et al, 2005).

Technique

Positionnement du sujet

  • Décubitus dorsal(Bianchi et Martinoli, 2007)
  • Membre inférieur allongé, complètement sur le lit, et en rotation interne (orteils vers l'intérieur)
  • Selon la physionomie du sujet, il peut être nécessaire d'avoir à placer la cheville en inversion afin de procurer une plus grande surface de contact plane entre la sonde et la peau

Repérage anatomique et palpation

  • Repérer et palper la malléole externe et le calcanéum

Vue transversale

Objectifs :

  • Évaluation de l'intégrité des tendons fibulaires et de leurs gaines synoviales
  • Évaluation de la stabilité des tendons fibulaires lors de mouvements de circomduction, d'éversion et extension de cheville

Paramètres suggérés

  • Profondeur : 2 cm
  • Gain : 80
  • G/3/2

Positionnement de la sonde

: Position de la sonde, vue transversale : Schématisation de l'angle de rotation recherché pour la sonde
  • Placer la sonde sur l'aspect latéral de la cheville, de manière à recouvrir l'extrémité postéro-inférieure de la malléole latérale et l'extrémité supérieure (crâniale) du calcanéum
  • On peut imaginer deux droites : une dans l'axe longitundial de la sonde, et une autre tangentielle à l'aspect dorsal du pied. L'angle formé par ces deux droites devrait s'approcher de 90°
  • Au besoin, modifier l'angle d'inversion de cheville afin d'optimiser la surface de contact entre la sonde et la peau. De plus, il peut être nécessaire d'utiliser une quantité de gel de conduction plus importante qu'à l'habitude.

Identification des structures

: Malléole latérale (externe) : Tendon du long fibulaire : Tendon du court fibulaire
[ML] La malléole latérale (externe) peut être identifiée en raison de sa forme distinctive qui façonne le relief de l'aspect externe de la cheville. Ici, on voit clairement l'os cortical, hyperéchoïque, qui décrit un relief fortement convexe.
[LF] Le tendon du muscle long fibulaire apparaît à la droite de la malléole latérale, soit en postéro-inférieur de celle-ci. On le reconnaît principalement en raison de sa gaine (hypoéchoïque), qui trace le contour ovoïde du tendon, lequel est d'échogénicité comparable aux structures environnantes.
[CF] Le tendon du muscle court fibulaire est situé entre la malléole latérale et le tendon du long fibulaire, et possède un diamètre significativement plus petit que ce dernier.

Vue longitudinale

Objectifs :

  • Évaluer l'intégrité des tendons fibulaires

Paramètres suggérés

  • Profondeur : 2 cm
  • Gain : 80
  • G/3/2

Positionnement de la sonde

: Position de la sonde, vue longitudinale : Schématisation de l'angle de rotation recherché pour la sonde
  • Tourner la sonde de 90° par rapport à la vue transversale
  • Alternativement, on peut imaginer deux droites : une dans l'axe longitundial de la sonde, et une autre tangentielle à l'aspect dorsal du pied. Ces deux droites devraient être approximativement parallèles.
  • En raison d'une variabilité anatomique normale, tourner légèrement la sonde jusqu'à l'obtention d'une image optimale des tendons fibulaires (voir ci-bas)

Identification des structures

: Malléole latérale : Tendon du long fibulaire : Tendon du court fibulaire
[ML] La malléole latérale est visible (quoique difficilement) à la droite de l'image ci-jointe, dont seul l'apex est visible sous la forme d'un trait hyperéchoïque incurvé.
[LF] Le tendon du long fibulaire est aisément visible à la partie supérieure de l'image. On reconnaît l'échotexture typique d'un tissu tendineux en vue longitudinale, soit une organisation fibrillaire très cohérente (alignée) avec l'axe mécanique du tendon
[CF] Le tendon du court fibulaire, dont seule la marge supérieure est clairement visible, est situé sous le tendon du long fibulaire. Aussi, on distingue bien le parcours parallèle de ces deux tendons.

Valeurs normatives dans la littérature

Mesure Structure Moyenne ± écart-type
Épaisseur (mm) Tendon du muscle long fibulaire [Non disponible]
Tendon du muscle court fibulaire [Non disponible]

Pertinence clinique en physiothérapie

Tendinopathies

  • Dans le contexte présent, le terme "tendinopathie" regroupe les tendinoses et ténosynovites. En ce qui concerne l'aspect latéral de la cheville, les tendons les plus souvent atteints sont les tendons fibulaires(Fessell et al, 1998)..
  • Un des principaux mécanismes proposés pour expliquer la survenue des ténosynovites fibulaires est l'augmentation du stress mécanique autour des poulies immobiles (telles que la malléole externe).
  • Sinon, certains événements traumatiques tels que les blessures en inversion de cheville, les fractures du calcanéum ou de la malléole externe peuvent être à la source de lésions de la gaine des tendons fibulaires.
  • Au point de vue clinique, la ténosynovite fibulaire se présente classiquement comme une douleur/sensibilité à la palpation sur l'ensemble de la gaine des tendons fibulaires.

Ruptures

  • Les ruptures des tendons fibulaires (long ou court) les plus fréquentes sont les ruptures longitudinales intra-substance. Les ruptures complètes (donc transversales) des tendons fibulaires sont nettement moins fréquentes que les ruptures longitudinales. L'imagerie par ultrasonographie a été reconnue comme une outil de première ligne pour lorsqu'une rupture des tendons fibulaires est suspectée en raison de ses qualités psychométriques particulièrement intéressantes (sensibilité de 100% et spécificité de 85%)(Grant et al, 2005).
  • Rupture du tendon court fibulaire:

Instabilité / Luxation

  • Le déplacement chronique (ou sub-/luxation) des tendons fibulaires hors du sillon rétro-malléolaire est une condition assez peu commune, mais que certains auteurs croient sous-diagnostiquée(McLennan et al, 1990). Chez ces sujets, les tendons, qui devraient être maintenus en postérieur de la malléole latérale, subissent un déplacement latéral (relatif à leur position initiale). Elle est généralement rencontrée chez des sujets avec des blessures (p.ex.: entorses) répétées aux chevilles(Bianchi et Martinoli, 2007), et/ou pratiquant certains sports considérés "à risque", tels que le ski, le soccer (football), le patin à glace ainsi que le ballet. Ces conditions provoquent ainsi une laxité du rétinaculum fibulaire supérieur (lequel devrait normalement maintenir les tendons fibulaires en place). De plus, de nombreuses variations anatomiques recensées (sillon rétro-malléolaire convexe ou peu profond) peuvent prédisposer aux sub-/luxations des tendons fibulaires (dans ce cas plus souvent bilatérales)(McLennan et al, 1990).
  • L'hyperlaxité du rétinaculum fibulaire supérieure est classiquement causée par un mouvement soudain, vigoureux et forcé en flexion dorsale et en éversion du pied. L'instabilité des tendons fibulaires peut être classifiée (types I, II, III ou IV) selon les fibres du rétinaculum qui sont atteinte, le degré de sévérité de cette atteinte, la présence ou non d'avulsion de fragments, etc(Bianchi et Martinoli, 2007).
  • Cliniquement, la palpation des tendons fibulaires en latéral du sillon rétro-malléolaire suffit au diagnostic, mais suite à un événement traumatique récent, l'examen clinique peut être compliqué par la douleur lors de la mobilisation ainsi que par un oedème diffus(Bianchi et Martinoli, 2007).
  • Le traitement conservateur repose classiquement sur un maintien des tendons fibulaires au sein du sillon rétro-malléolaire (p.ex.: en évitant certains mouvements) dans le but de laisser les processus cicatriciels prendre place au sein du rétinaculum fibulaire supérieur(McLennan et al, 1990).

Présence de muscles accessoires

  • Les muscles accessoires fibulaires sont un groupe de muscles qui peuvent être retrouvés au niveau de l'aspect latéral de la cheville. Ceux-ci peuvent posséder des origines et insertions très variées, ce qui explique la terminologie et la classification de ces muscles peut potentiellement porter à confusion(Wang et al, 2005)..
  • Le muscle accessoire le plus fréquent, selon des études effectuées sur cadavre(Cheung et al, 2001)(Sobel et al, 1990), est le quatrième fibulaire/péronier ("peroneus quartus"), dont la prévalence varie entre 12% et 22% des sujets de l'étude. Ce muscle prend origine à la portion latérale de la fibula distale, descend en postéro-médial des long et court fibulaires, et possède un site d'insertion variable. Parmi les sites d'insertion possibles, on retrouve le calcanéum, le 5e métatarsien, la 5e phalange proximale, le rétinaculum fibulaire ou le cuboïde.
  • La plupart du temps, ce muscle est asymptomatique, mais peut parfois causer un encombrement du sillon (espace) rétro-malléolaire, et être ainsi un facteur prédisposant à des luxations et ruptures du tendon du court fibulaire(Wang et al, 2005).

Voir aussi

Références

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  8. McLennan, Jon G. “Treatment of Acute and Chronic Luxations of the Peroneal Tendons.” The American Journal of Sports Medicine 8, no. 6 (December 1, 1980): 432–36. doi:10.1177/036354658000800609.
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  11. Sobel, Mark, Matthew E. Levy, and Walther H. O. Bohne. “Congenital Variations of the Peroneus Quartus Muscle: An Anatomic Study.” Foot & Ankle International 11, no. 2 (October 1, 1990): 81–89. doi:10.1177/107110079001100204.
  12. Wang, Xiao-Tian, Zehava Sadka Rosenberg, Michael B. Mechlin, and Mark E. Schweitzer. “Normal Variants and Diseases of the Peroneal Tendons and Superior Peroneal Retinaculum: MR Imaging Features1.” RadioGraphics 25, no. 3 (May 2005): 587–602. doi:10.1148/rg.253045123.